Burundi : l’habillement placé sous contrôle
Le Burundi vient de faire des lois sur la tenue vestimentaire des femmes. C’est le troisième pays après l’Ouganda et le Swaziland à prendre une telle mesure.
On se rappelle de l’époque où l’ex-président du Zaïre nommé Mobutu Sésé Seko, avec sur sa tête sa casquette de joker en léopard, royalement assis, sa canne sculptée soutenant sa main, contemplait joyeusement les femmes entièrement habillées de pagne dont les motifs n’étaient que son effigie, danser tout en lui faisant des éloges. À cette époque, monsieur Mobutu exigeait la « zaïrianisation » des réflexions et des vêtements.
Les femmes étaient obligées de porter les pagnes en toute circonstance et aux hommes, il était prescrit un costume qu’on a appelé « abacost ». Bien que la chute du « roi du Zaïre » ait mis un terme à ces vêtements réglementaires, les débats « philosophico-politiques », relatifs à la façon de s’habiller continuent de faire couler beaucoup de salive et beaucoup d’encre.
Depuis peu, surtout en Afrique centrale, le fait d’interdire le port de certaines tenues dévoile une « tendance puritaine » que les chefs politiques exploitent. Certains États ont pris des mesures strictes relatives à la « mini-jupe », ceci dans le but de protéger les femmes contre les abus sexuels.
Le Burundi entre en lice et est sur le point de prendre des mesures contre les « mini-jupes », le 18 août dernier, le sénat a voté un projet de loi dans lequel il y avait une disposition visant à interdire les habillements dits « indécents » sur la voie publique . La loi stipule que celles qui s’hasarderont à mettre les courtes jupes encourent la peine de prison. Avec cette mesure, le Burundi rejoint les rangs de l’Ouganda où cette mesure est appliquée depuis 2014, et le Swaziland, où une loi de l’époque coloniale adoptée en 1889 condamnait à six mois de prison celles qui outrepassaient cette interdiction.
Par contre, dans des pays comme le Sénégal, le Niger et le Cameroun on interdit le port du niqab « voile qui ne laisse voir que les yeux » pour lutter contre le terrorisme.
On constate, dans les interdictions du niqab, burkini, « mini-jupes » que les civilisations sont opposées et s’entrechoquent. Nous avons d’un coté ceux qui veulent perpétuer la tradition et de l’autre, ceux qui se disent modernes.
Mbou Sop Yann Cyrille