Arnaque et banques : les nouvelles techniques

D’après Capital, les entreprises françaises se sont fait dérober plus de 250 millions d’euros par des escrocs qui procèdent à des virements internationaux. L’arnaque et les arnaqueurs expérimentés vont bon train.Voici leurs techniques et les parades à mettre en œuvre. Les particuliers doivent aussi être très vigilants depuis la mise en place de la norme SEPA.

<em>L'arnaque s'invite dans le cyberespace</em>

L’arnaque est devenue plus élaborée qu’avant

Alerte aux escroqueries ! Les entreprises françaises accusent un préjudice de 250 millions d’euros en raison de virements bancaires internationaux frauduleux pour lesquels plusieurs procédures judicaires sont actuellement en cours. C’est ce que Jean-Marc Souvira, commissaire principal à l’Office central de la répression de la grande délinquance financière révèle dans une vidéo  diffusée par la FBF, la fédération bancaire française, destinée à sensibiliser les responsables d’entreprises sur les risques encourus.

Selon la police judicaire, les escrocs utilisent principalement quatre techniques pour arriver à leurs fins. La première, classique, s’appuie sur l’usurpation de la signature d’un dirigeant d’entreprise, puis par la transmission d’un faux ordre à la banque. La deuxième, dite « à la nigériane » car les auteurs agissent depuis l’Afrique de l’ouest, requiert un faux mail informant d’un changement de coordonnées. Ainsi, une société de Clermont-Ferrand a été victime d’un arnaqueur qui lui a envoyé un mail à l’en-tête d’un sous-traitant asiatique l’informant qu’à la suite de dysfonctionnements bancaires, le paiement de sa prochaine facture devait s’effectuer sur un autre compte. Plus redoutable et incroyable, l’escroquerie « au Président » génère des détournements de plus d’un million d’euros chacun. Une personne s’adresse au téléphone à un comptable de l’entreprise en se faisant passer pour le P-DG. 

Il lui signifie qu’il est en déplacement et a un besoin urgent de ses services pour un virement vers l’étranger en vue d’une opération confidentielle (OPA, contrôle fiscal…). Pour davantage de crédibilité, l’employé reçoit les coordonnées du compte à créditer accompagné d’une facture sur laquelle est apposée un copier-coller de la vraie signature du dirigeant. Sophistiquée, cette arnaque nécessite de bien connaître l’entreprise et son environnement. Enfin, les failles de la norme SEPA (Single euro payments Area) qui doit faciliter les paiements dans la zone euro, sont également exploitées, y compris pour escroquer les particuliers. Ainsi, une entreprise de Montpellier a été contactée par un faux informaticien d’une banque qui a réussi à convaincre son interlocuteur de se connecter à un faux site, sous prétexte de mises à jour. L’escroc a ensuite ordonné des virements car, avec SEPA, la banque ne vérifie plus si les ordres ont bel et bien été ordonnés par l’entreprise.

Face à la recrudescence des actes frauduleux, la FBF, via sa vidéo, cherche à sensibiliser les responsables des entreprises. Mais, elle leur rappelle également que « les virements sont irrévocables ». Si une société (ou un particulier) victime d’une telle arnaque ne réagit pas rapidement auprès de son banquier pour stopper le virement, il lui sera impossible de récupérer son dû, si ce n’est au terme d’une procédure judiciaire souvent très longue. Quelles sont les parades ? D’abord, la sensibilisation des collaborateurs quant à des demandes inhabituelles de mouvements financiers, ainsi que l’organisation stricte des délégations de signatures. Ensuite, le système SEPA, s’il est perfectible, fait aussi obligation aux banques de mettre en place une liste de débiteurs autorisés de façon à éviter tout mouvement vers des comptes inconnus (lire l’article Les fraudeurs peuvent désormais prélever de l’argent sur votre compte très facilement ) désormais. Une entreprise (ou un particulier) peut ainsi ajouter et retirer de la liste les partenaires avec qui elle travaille et interdire de fait tout mouvement vers un débiteur non enregistré préalablement. Malheureusement, cette information reste encore insuffisamment diffusée auprès des clients !

Source : Sylvain Deshayes  – © Capital.fr